Implantée entre Angoulême et Cognac, sur un coteau de la rive droite de la Charente, la Cité de Jarnac est située au carrefour stratégique de voies fluviale et terrestre.
À l’ouest de Jarnac, dans le quartier des Grand’Maisons, des fouilles archéologiques ont révélé une occupation humaine dès l’époque néolithique puis à l’époque gallo-romaine (vestiges de fours de potiers, monnaies gauloises en bronze, etc…).
Dès le VIIIe siècle, au cours du haut Moyen Age, le cœur de la ville semble se constituer plus à l’est autour du prieuré Saint-Pierre, dépendance de l’abbaye bénédictine Saint-Cybard d’Angoulême. Comme ailleurs dans la région, la ville subit les dévastations perpétrées par les Normands au IXe siècle avant de se relever et d’afficher sa puissance au Moyen Age en se dotant d’une enceinte pourvue de tours afin de protéger sa population.
À la limite des diocèses de Saintes et d’Angoulême, l’importante seigneurie de Jarnac (en Saintonge) passe dans les mains de la famille Chabot en 1410, pour y rester jusqu’à la Révolution. C’est alors que Jarnac connaît son histoire la plus glorieuse avec les Chabot qui résident au cœur de la cité, veillant sur le fleuve, dans le château reconstruit au XVe siècle sur les ruines de la forteresse féodale, admirable édifice qui a marqué le paysage urbain jusqu’à sa démolition finale au début du XIXe siècle, après une longue agonie post-révolutionnaire.
Deux faits historiques restent dans les mémoires: le Coup de Jarnac, duel de Guy Ier Chabot (victorieux), seigneur de Jarnac, et de François de Vivonne (vaincu), seigneur de la Châtaigneraie, qui a lieu à la Cour du Roi en 1547; la Bataille de Jarnac qui se déroule au cours de la 3e Guerre de Religion (1568-1570) et qui coûte la vie au Prince de Condé.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’histoire de Jarnac ne peut se dissocier de celle du développement du commerce du cognac qui donne un essor remarquable à la ville grâce au fleuve, vecteur commercial de toujours. L’installation des premiers négociants (Ranson, Delamain, Hine) attirés par la réputation acquise à l’échelle européenne des eaux-de-vie issues du vignoble du cognac, va initier les transformations et les aménagements significatifs sur les quais de Charente: élégantes bâtisses, à la fois résidence et comptoir de négoce, vastes chais à usage de stockage des eaux-de-vie.
Le dynamisme commercial, économique et démographique de Jarnac tout au long du XIXe siècle (entre 1818 et 1851, la ville passe de 1 401 à 3 358 habitants) va engendrer une extension urbaine devenue possible après l’achèvement de la démolition du château.
A proximité du point de rencontre entre les routes d’Angoulême et de Rouillac et la rue de Condé, qui mène droit au pont unissant les deux rives du fleuve, le nouvel hôtel de ville (1867) incarne la réussite et les ambitions de la cité.
De part et d’autre de ces grands axes se développent les nouveaux quartiers juxtaposant hôtels particuliers et demeures plus modestes, et parsemés des équipements indispensables à une population en pleine croissance (écoles, hospice, théâtre, usine à gaz, château d’eau…), tandis que la disparition du rempart médiéval intègre pleinement à la ville les anciens faubourgs.